Depuis des dizaines d’années, certains professionnels s’approvisionnent en pièces d’occasion sur l’ordre de leur client. Il s’agit généralement de pièces techniques en échange standard. Cette pratique trouve un cadre légal depuis la loi Royal en 2015. En effet, la législation en faveur de la transition énergétique inclut les pièces auto d’occasion dans l’économie circulaire.
L’état du marché français des pièces d’occasion
Depuis sa promulgation, cette législation a fait l’objet d’arrêtés et de décrets. En 2019, les professionnels sont dans l’obligation d’informer leurs clients sur l’utilisation des pièces d’occasion.
La loi n’impose pas de proposer un devis en pièce auto d’occasion. Cependant, les vendeurs sont tenus d’informer leurs clients sur la possibilité d’utiliser des pièces d’occasion. La décision finale revient à l’automobiliste.
Avant l’application de ce cadre règlementaire, la pièce d’occasion représentait seulement 2 % des pièces utilisées en réparation chez les professionnels. Grâce à cette législation, elle enregistre une nette progression de 5 %.
Cependant, le marché français est en retard par rapport à d’autres pays développés. Aux États-Unis, les réparateurs utilisent les pièces auto d’occasion depuis plus de soixante-dix ans. Le marché américain se distingue par l’absence de soumission à des modèles ou des dessins. C’est pourquoi ces pièces détiennent 22 % de part de marché. En France, le principal objectif consiste à obtenir 10 % de part de marché. Cependant, l’atteinte de cet objectif est difficile.
Comment expliquer ce retard de la France ?
En France, le marché de la pièce auto d’occasion souffre toujours de cette image de pièces en mauvais état provenant de la casse automobile. Pourtant, la pratique a énormément évolué ces dernières années. Les casses deviennent des structures organisées qui possèdent de véritables magasins de pièces. Dans ces derniers, chaque pièce est photographiée et répertoriée à travers un code-barre. La traçabilité est devenue une norme chez ces acteurs.
Les centres VHU sont devenus des références de la pièce de réemploi. Par ailleurs, les pièces possèdent un référencement précis pour faciliter leur traçabilité. Elles sont visibles depuis leur site web. Ainsi, il est possible de passer une commande depuis n’importe quelle ville de France.
Ce phénomène permet au marché de monter en gamme et de séduire des acteurs plus diversifiés. Les professionnels peuvent désormais retrouver les pièces dans les réseaux de distribution classiques, car ils ont l’aval des assureurs. Ces évolutions favorisent le changement de mentalité vis-à-vis des pièces auto d’occasion.
Une rivalité avec les pièces neuves ?
L’exploitation de pièces auto d’occasion ne peut pas encore rivaliser avec celui des pièces neuves. Selon les spécialistes, il s’agit d’une question mathématique. Les demandes de réparation sont estimées à 40 millions en France. Pourtant, les véhicules démontés sont de l’ordre de 1,4 million par an. Cela équivaut à une pièce de réemploi par voiture. Par conséquent, le marché des pièces auto d’occasion ne peut pas rivaliser avec le marché de celles neuves. Il représente surtout un marché complémentaire.
Ce manque d’exploitation s’explique aussi par l’âge des voitures détruites. En effet, les véhicules partant à la démolition ont 17 ans en moyenne. Cependant, l’âge moyen du parc automobile français est de 9 ans. Résultat : les pièces auto d’occasion ciblent les 17 millions de véhicules qui ont plus de 10 ans en France et non les véhicules neufs.
Une pénurie après la crise sanitaire
La filière n’a pas été épargnée par la pandémie mondiale de la COVID-19. Cela s’explique par les mesures de restriction des déplacements opérés par les dirigeants afin d’endiguer la pandémie. Ces mesures obligent beaucoup d’entreprises à réduire leur production. Les centres VHU figurent parmi elles. La période post-crise est marquée par une baisse soudaine des pièces auto de rechange. Certaines pièces sont même en rupture de stock en 2021. Les garagistes peinent à trouver les pièces pour réaliser leurs réparations.
Malgré ce contexte, le marché des pièces d’occasion enregistre une croissance de l’ordre de 3 % en 2021. Ce taux est encore plus important chez les voitures âgées. À titre d’exemple, 20 % des pièces de rechange des véhicules de plus de 15 ans sont issues du recyclage. Entre autres, les pièces les plus demandées sont les capots, les portes, les ailes avant, le hayon, etc.
Les assureurs : les grands gagnants
La crise sanitaire a durement affecté le pouvoir d’achat des Français. Les foyers décident de se serrer la ceinture même en termes de réparation de voiture. Les pièces auto d’occasion représentent alors la meilleure solution.
Les assureurs ont compris ce besoin des automobilistes à réduire leurs dépenses. Par conséquent, plusieurs assureurs proposent des réparations avec des pièces auto d’occasion. Une pièce de réemploi réduit votre facture jusqu’à 70 %. Ainsi, les assureurs multiplient les collaborations avec les centres agréés.